dimanche 30 décembre 2012

Produire et réussir son compost

Vous avez pu voir les premières photos de notre parc à compost,, quelques palettes, quelques "colsons" et le tour est joué
Pour parler compost, je vous livre le chapitre extrait de l'excellent livre de Marc Fasol et André Poncin, paru aux Editions Weyrich, illustré par Jean Claude Servais.

"La première chose est de choisir un endroit approprié qui ne doit être ni trop ensoleillé en été ni trop ombragé en hiver.
L'idéal serait tout près du potager, à l'abri du vent, sous un haie d'arbustes à feuilles caduques.
Au Jardin des glaces l'aire de compostage, admirablement pensée, est logée sous une charmille.  A l'abri des regards, elle sert aussi à la préparation des purins de plantes ou à la mise en pots des boutures.
Le contact avec la terre nue est un autre point important.  Un socle en béton ne convient pas.  Les vers rouges et autres décomposeurs de sols doivent pouvoir passer à table sans entraves.
Voilà pourquoi il ne faut jamais nettoyer le silo.  Un "pied de cuve" doit y rester en permanence.  Enfin, l'endroit doit être plat.  Une fosse ne convient donc pas non plus.  L'eau en excès s'y accumulerait, entraînant aussitôt une fermentation putride et malodorante.

Pour les jardins de petite taille en ville, il est conseillé d'opter pour le silo de compostage, connu aussi dans les jardineries sous le nom de compostière.  La formule silo est en fait idéale pour digérer les petits déchets de cuisine.
Des modèles en platique, munis dans le bas d'une trape de récupération, sonr disponibles dans le commerce;
Choisir un modèle avec une large ouverture pour pouvoir y introduire la fourche.  Même si les plus grands atteignent 600 litres, les silos ont un inconvénient majeur: ils absorbent difficilement en une fois les énormes quantités de tontes de gazons générées au printemps, les tailles de haies en été et les tas de feuilles en automne.
Le compostage en tas reste une alternative qui s'y prête nettement mieux, d'autant que les manipulations d'oxygénation et de mélange à la fourche y sont nettement plus aisées.
Hélas, cette dernière solution est souvent jugée inesthétique au jardin, d'autant plus qu'elle prend aussi pas mal de place.  L'idéal serait d'utiliser un peu des deux systèmes selon les possibilités de chacun: le silo pour les déchets de cuisine, et le compostage en tas pour les tout gros volumes.
Encore une fois, pas de véritable panacée.  L'important est surtout de respecter quelques règles élémentaires.
Pour réussir son compost, il faut veiller à trois choses: une bonne oxygénation, un seuil d'humidité satisfaisant, mais pas excessif, et un bon équilibre entre les apports de matières riches en azote et riches en carbonne

L'apport en oxygène: indispensable à la respiration des bactéries, l'arrivée d'oxygène est essentielle pour la production d'un bon compost.  On dit que la tyransformation des matières organiques se fait en aérobie.
Toute production d'odeur nauséabonde est à prendre comme un signe d'une mauvaise décomposition.  Voilà pourquoi la fourche, meilleur ami du composteur doit toujours être à portée de la main et intervenir à chaque apport supplémentaire dans le silo.  Il s'agit de bien aérer et bien mélanger avec les couches inférieures pour relancer la fermentation.
Le fond du silo devrait aussi idéalement être constitué de branches broyées afin de favoriser l'aération par le bas tout en absorbant le jus de fermentation, ce qui évite, par la même occasion, la présence de mouches ou d'autres animaux indésirable sur le tas.
Cette aération est vraiment cruciale.  Lors d'un apport important en tonte de pelouse, les matières se tassent rapidement et ont tendance à devenir collantes.  Il est indispensable après quelques jours de les décompacter, de les brasser et de les mélanger aux apports précédents, et, au besoin, de retourner le tas complètement

L'humidité: le manque d'eau ralentit le processus de compostage.  Les organismes en charge du bout de décomposition, comme les vers rouges, en ont besoin pour travailler.
Un bon compost doit être humide en permanence, sans pour autant être noyé, ce qui aurait pour effet d'empêcher l'air de pénétrer et déclencherait une fermentation anaérobie, c'est à dire putride, sans oxygène.
Arroser au besoin avec de l'eau de pluie si le mélange semble trop sec.  L'arrosoir doit rester à portée le la main du composteur

L'équilibre azote - carbone: la réussite d'un bon compost dépend de l'équilibre judicieux entre les apports azotés fermenticibles, vert, humides et mous (tonte de pelouse, taille de haie, déchets verts, fumiers) et les apports carbonés fibreux bruns, secs et dur (paille, sciure, branches et tas de feuilles mortes).
Les déchets de cuisine sont en général bien équilibrés et leur compostage, un jeu d'enfant.
Le problème dans les jardins conventionnels, vient de l'apport d'énormes quantités de tontes de pelouse fraîche au printemps.  Réputées difficiles à composter, elles ont tendance à se compacter et à moisir par temps de pluie.
En fait, non seulement l'air y circule très mal, mais en plus leur teneur en azote est beaucoup trop élevé.
La solution consiste soit à garder des tas de feuilles mortes à côté en automne et de les mélanger avec les tontes du printemps, soit de mélanger les tontes avec du broyat de branches.  A ce titre, le broyeur de branches est le troisième allié du composteur.
Les branchettes apportées telles quelles au compost mettent d'ailleurs toujours beaucoup trop de temps à se décomposer par rapport au reste des apports.  Les réduire en copeaux accélère leur décomposition.
Il existe encore une quatrième alliée méconnue du composteur.  Elle permet, à elle seule, de bien mélanger les déchets de jardin destinés au compost: la tondeuse!
Etalez donc sur la pelouse les déchets ligneux de petit calibre comme les déchets du potager, les tailles de haie, fanes et autres tiges sèches.  Ne ramassez surtout pas vos feuilles tombées.  Passez le tout lentement à la tondeuse.  En une seule opération, le broyat des déchets fibreux se trouve parfaitement mélangé avec les tontes d'herbes humides et molles dans le panier de ramassage.
Cet excellent substrat est la clé pour obtenir un compost réussi et facilement utilisable au potager.

De manière pratique dans le silo, on veillera à ce que les apports ne dépassent jamais vingt centimètres d'épaisseur pour arriver à les mélanger avec la couche précédente.   le fumier animal, riche en azote, peut également être valorisé à condition qu'il soit mélangé avec de la paille ou des copeaux de bois.
En principe, tous les déchets organique du jardin et de la cuisine peuvent être compostés, y compris le marc de café et même les vieux cartons non colorés coupés en morceaux.
Certains déchets comme les agrumes prennent parfois un peu plus de temps.
En revanche il n'est pas conseillé d'y jeter les mauvaises herbes montées en graine et les fruits décomposés, sauf si la fermentation en tas dépasse les 50°C.  Les papiers journaux aux encres toxiques, les excréments d'animaux de compagnie et les contenus d'aspirateurs tout comme ce qui n'est pas organique n'ont évidemment pas leur place dans le compost.

Sans pour autant être un grand bricoleur, on peut réaliser à très peu de frais un silo de compostage très esthétique.  Il suffit de récupérer quelques palettes industrielles non consignées chez un commerçant local.
L'air, indispensable à la décomposition aérobie y circule très bien.  Le mieux est d'aligner deux cloisons.  Chacun des silos possède trois côtés fixes et un quatrième amovible pour permettre d'avoir accès facilement au produit fimal.
Autre avantage: quand l'un est plein, on le laisse mûrir et on commence à remplir le deuxième"

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