samedi 28 mars 2015

Mais où va s'arrêter la folie des semenciers?

Le chou frisé "Beurré de Jalhay", encore une variété qui risque prochainement de passer à la trappe, son crime? Ne pas faire partie de la liste du catalogue officiel européen des semences.
Lorsqu'on sait le les tracasseries et le prix pour faire partie de ce catalogue on comprend que seuls les majors de la semence peuvent participer à cette euromascarade
Je relaye ici un article du 25 juillet 2013 concernant le chou de Jalhay, mais c'est des milliers de variétés locales ou anciennes qui risquent le même sort d'ici peu de temps.

La France veut mettre le chou de Jalhay hors la loi
Yves Bastin
Le chou de Jalhay, variété en voie de disparition ? On peut en tout cas craindre qu’on interdise la vente de ses graines dans le commerce, suite à la volonté de plusieurs pays de réglementer la commercialisation des semences de légumes au niveau européen. Avec la crainte d’une mise à mort à petit feu de notre célèbre chou de Jalhay, qui serait surtout due au lobbying des semenciers géants français…
Ça grenouille dans les coulisses de l’UE. Des conciliabules qui pourraient être suivis, à terme, de la mort du chou de Jalhay. Car certains veulent faire interdire la commercialisation de semences de légumes de variétés traditionnelles, si elles ne sont pas reprises au catalogue officiel européen, qui compte 30.000 références. Pour obtenir ce sésame, il y a actuellement un coût d’inscription et de lourdes démarches, qu’a confirmées la Cour européenne de Justice, en 2012.
Mais en mai dernier, la Commission européenne a proposé un texte moins contraignant. Il était favorable aux petits semenciers vendant d’anciennes variétés comme le chou de Jalhay et autorisait le libre-échange entre agriculteurs non professionnels de la semence et entre amateurs. De plus, les amateurs pourraient produire leurs propres semences. Tout bon pour nos semenciers wallons, se réjouit-on au cabinet du ministre wallon Di Antonio. Mais ce n’est qu’une proposition. Le texte doit être voté par le Parlement européen fin 2013. Le hic c’est que certains poussent à la charrette pour obtenir une réglementation plus stricte. La France surtout, où les gros semenciers sont puissants.
Cette affaire agite le spectre de la disparition de l’emblématique chou de Jalhay… «  Je ne peux plus vendre ces légumes, en théorie, aujourd’hui  », déplore Catherine Andrianne, chez Semailles, PME établie près de Namur. «  Mais comme une nouvelle réglementation est en cours d’élaboration, la Région Wallonne nous dit que tant qu’elle n’est pas d’application, on attend. Mais en France, il y a déjà un acharnement contre les petits semenciers, avec les agents de la répression des fraudes. Là, des maraîchers qui vendaient des plants de variétés de tomates traditionnelles ont eu des ennuis au printemps.  »
Le chou de Jalhay survivrait-il à pareilles restrictions ? On peut en douter. Le comité villageois qui met sur pied la fête du chou se fournit chez un habitant du cru, Joël Darimont, qui ne fait pas commerce du légume local. Mais il est loin d’être assuré que la fête soit organisée pour de nombreuses années encore. Ainsi, en 2012, elle avait été annulée, faute de réservations. Et dans la foulée, le Comité du chou s’était mis en veilleuse, avant que la Jeunesse prenne le relais pour 2013. D’où des craintes quant à une conservation à l’échelon du village d’origine.

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