lundi 30 mars 2015

Erosion Génétique: l'Oignon.

Source image: Internet, "Le Mag de Lea.com"
Cet article inaugure  une nouvelle rubrique consacrée à l'érosion génétique des légumes.  Des dizaines de variétés passent à la trappe chaque année, parfois sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, on se fout du goût, il faut produire.
Pour l'agro alimentaire notre assiette est une gigantesque machine à faire du fric, contrôler l'alimentation c'est contrôler le monde et contrôler le début de la chaîne, (les semences), c'est contrôler la chaîne entière.
Les articles proviennent en majorité de l'édition 2010 de "Semences de Kokopelli", publiés ici avec l'aimable autorisation de Kokopelli Belgique.  ils seront corrigés au fur et à mesure de l'obtention de données plus récentes car les chiffres actuels risquent de donner quelques surprises désagréables.
En 1925, Jones et Clarkes, aux USA découvraient la première stérilité mâle cytoplasmique dans une plante d'oignon de la variété Italienne ("Red Italian") possédant des bulbilles d'inflorescence.
En 1958, Banga et Petiet en découvrirent une autre dans la variété "Rijnsburger" et en 1965 Bernininger en découvrit une troisième dans la variété Française "Jaune Paille des Vertus".
Les premiers hybrides F1 d'oignons furent créés vers le milieu du siècle passé, suite à la découverte de ces cas de stérilité.

Dans le catalogue national Français du GNIS, au jour d'aujourd'hui, les hybrides F1 d'oignons constituent près de la moitié des variétés enregistrées et donc permises à la vente.  D'aucuns diront que ce n'est pad dramatique en comparaison des tomates qui sont hybrides F1 à 95% ou encore des melons enregistrés qui sont des hybrides F1 à 95% ou même encore des choux brocolis qui sont des hybrides F1 à 100%

Dans le catalogue national Français du GNIS, il y a même encore une vingtaine de variétés d'oignons antérieures à 1955 (la bonne soupe à l'ancienne).
Dans l'ouvrage de Vilmorin (Ed. de 1925), 78 variétés d'oignons étaient décrites.
Nous citons les Professeurs Messiaen et Foury "En fait, pour des raisons biologiques et économiques, l'avantage des hybrides F1 n'est pas toujours évidente pour l'oignon.  Par ailleurs, la domination économique des Rijnsburger à appauvri la diversité génétique de ces hybrides" (Histoire de légumes, INRA) Ce sont les spécialistes de l'oignon qui le disent.

Dans la collection nationale du NSSL (banque de semences) de Fort Collins aux USA, il y avait 357 variétés d'oignons en 1903 et seulement 21 variétés en 1983, ce qui représente une érosion génétique de 94,1%.

Aux USA également, le Seed Savers Exchange a même mis en valeur l'érosion génétique des variétés d'oignons non hybrides présentés dans les catalogues de semences entre 1981et 2004.

- Oignons rouges: 37 variétés présentées en 1981 et 18 en 2004, à savoir une perte de 51%
- Oignons blancs:  60 variétés présentées en 1981 et 23 en 2004, à savoir une perte de 62 %
- Oignons jaunes: 95 variétés présentées en 1981 et 26 en 2004, à savoir une perte de 73%

En Argentine, une équipe travaille, sous la direction de Mr Pablo Marinangeli, à la création d'oignons transgéniques résistants à un champignon.

Il n'y a pas que les peaux d'oignons qui fassent pleurer.


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