mercredi 10 octobre 2007

Plantes a alcaloïdes (définition)

Au printemps, lorsque le sol se réchauffe, il met en route l'activité des micro-organismes et des petits vers, dont les déchets nourriront les plantes qui commencent également à se développer. L'azote est alors le facteur important dans la croissance des parties vertes, car il leur permet de former de grandes feuilles qui serviront à la fois à la respiration et à l'assimilation.
Dans les plantes à alcaloïdes, l'azote disponible ne s'est pas totalement transformé en protides végétales, mais continue à circuler dans la sève ou se fixe dans certaines parties de la plante. il peut égalemeent se combiner avec du souffre et donner des hétérosides sulfurés, ou avec du cyanure et donner des hétérosides cyanogéniques.
Ce phénomène se produit surtout dans les familles de dicotylédons, mais rarement parmi les monocotylédons. En outre, les plantes des régions chaudes sont plus riches en alcalïdes que celles des pays nordiques.
Déjà vers 1925, R. Steiner et W. Pelikan ont découvert que les végétaux alcaloïdifères produisaient leurs substances métaboliques spécifiques surtout au moment d'une croissance rapide, comme si le métabolisme de la plante n'arrivait pas à suivre.
Dans l'Antiquité déjà, on avait observé que certaines plantes produisaient des effets "héroïques" sur les malades et sur les bêtes. le problème qu'ils n'avaient pas résolu était celui du dosage, et ils ne connaissaient pas la limite entre ce qui guérissait et ce qui tuait. Ce n'est qu'au début du 19e siècle, que le pharmacien allemand Serthürmer réussit à isoler chimiquement les alcaloïdes de façon à mieux définir le dosage nécessaire à leur action thérapeutique. Il est le premier à avoir cristalisé un alcaloïde, celui de la morphine. Et en France, en 1803, Derosne publiait une méthode d'extraction de ces mêmes alcaloïdes. Pour qu'une plante soit classée comme alcaloïfère, il faut qu'elle accuse une teneur minimale de 0,1 0/00. On est parvenu à influencer artificiellement cette teneur dans certaines espèces, en l'augmentant par des apports d'engrais chimiques (pavot, ou en l'abaissant (tabac). Pour d'autres plantes productrices d'alcaloïdes à l'échelon industriel, on a obtenu par sélection ou hybridation des variétés à très forte teneur.
D'après Hegnaueur (1963), dans chacune de ces plantes, un noyau aminobiogène dominant forme un protoalcaloïde (alcaloïde brut) dans lequel on trouve des pseudoalcaloïdes et le ou les alcaloïdes spécifiques.
Contrairement à ce que fit Serthürmer, qui nomma la substance qu'il avait découverte "morphine", d'après Morphée, la divinité des rêves, les alcaloïdes sont aujourd'hui nommés d'après la plante qui les a fournis, comme par exemple Papavérine (de Papaver, le pavot, et quelquefois aussi d'après leur action, comme de narcose on a tiré Narcotine, puis Cotarnine et Tarcosine, toujours avec la terminaison caractéristique en ine.
Les alcaloïdes sont chimiquement des matières organiques composées de carbonne, d'hydrogène, d'azote et d'oxygène. Quelques-uns sont liquides (nicotine) ou amorphes, mais la plupart sont cristallisables. D'une façon générale, l'alcaloïde pur peut être extrait de la plante par des solvants chimiques, tandis que les alcaloïdes-sels (alcaloïdes - acides) sont solubles à l'eau.
Le nom d'alcaloïde date du pharmacien allemand Meissner (1792 - 1853), Derosne et Serthümer parlant d'alcali végétal.
Pour obtenir des réactions chimiques précises, soit précipitations, soit colorations, il faut que les alcaloïdes extraits aient été purifiés. Puis, par un procédé de chromatographie, on peut encore les fractionner et les dénombrer, car certaines plantes en contiennent plusieurs du même prototype chimique appelés protoalcaloïdes. C'est ainsi que le pavot (Papaver somniferum) produit à côté de la morphine une trentaine d'autres alcaloïdes qui contiennent tous l'alcaloïde de base du pavot, la "protopine".
Dans le chapitre des alcaloïdes, on cite souvent, mais à tort, le café, le thé noir ou le maté. Ce sont en réalité des bases puriques, formées de caféine (Triméthyl-xanthine), et non des alcaloïdes, au sens précis du mot, bien que, prises à fortes doses, elles aient également une action héroïque. En revanche, la nicotine du tabac est un vrai alcaloïde à noyau pyridinique et pyrrolidinique, qui est très proche de l'alcaloïde de la ciguë (Cicutine ou Conine), celle-ci pouvant provoquer, prise à haute dose, une paralysie progressive des cellules nerveuses, et même la mort. Pauling déclare que chaque cigarette que l'on fume raccourcit la vie de 8 minutes!
Chose étonnante, la nature nous présente une exception dans la famille des papavéracées: le coquelicot, plante de même structure que le pavot somnifère, possède une série de vrais alcaloïdes, la rhoeagénine, les rhoearubines I et II, mais ceux-ci n'ont que de faibles propriétés sédatives.
Les alcaloïdes se conservent généralemeent bien dans les plantes séchées et sont responsables de la toxicité de certaines drogues, mais l'action de celles-ci n'est pas nécessairemeeent la même que celle de l'alcaloïde isolé pur. Peu d'alcaloïdes agissent sur le coeur, mais quelques-uns sont employés pour hausser et d'autres pour abaisser la pression sanguine, car l'action physiologique sur le système nerveux central s'exerce sur la circulation et sur la respiration, comme dépresseur ou comme excitant.
Beaucoup de drogues agissent sur le système nerveux autonome comme excitant, puis comme paralysant du nerf sympathique.
L'action sur le système nerveux peut aller jusqu'à une action anti-spasmodique et mydriatique, anesthésique locale ou analgésique et narcotique.
Enfin, on connait des alcaloïdes, surtout d'origine tropicale (quinine), qui agissent comme antiparasitaires ou comme chimiothérapeutiques.
D'une façon générale, les alcaloïdes sont amers et utilisés comme apéritifs.

(Source: Guide des plantes médicinales, de P Schauenberg, Ed 1969)


Aucun commentaire: